La construction de la ville de Clermont-Ferrand à travers les siècles : grandes étapes et monuments

La construction de la ville de Clermont-Ferrand à travers les siècles : grandes étapes et monuments

En route pour Clermont-Ferrand, capitale historique de l’Auvergne ! Voici un nouveau voyage dans le passé pour découvrir les grandes étapes de la construction de cette ville. C’est une longue histoire qui a permis à Clermont-Ferrand de connaître un tel rayonnement et de devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Édifiée au milieu des volcans, la ville a évidemment bénéficié de la richesse géologique de la région. Et nous vous proposons aussi, au cours de cette traversée, de découvrir ou de redécouvrir les monuments emblématiques de Clermont-Ferrand…

 

L’histoire de Clermont-Ferrand, c’est un récit d’un peu moins de 2 000 ans ! Pour retrouver la trace de ses origines, il faut remonter à l’époque gallo-romaine lorsque la ville s’appelait encore Augustonemetum. Plus tard, l’histoire de l’actuelle Clermont-Ferrand débute par une histoire de rivalité entre deux villes voisines : la cité de Clermont, l’ancienne Augustonemetum devenue entre-temps la cité épiscopale d’Arvernis, et la cité de Montferrand, une ville forte fondée au 12e siècle. Après de longues années de conflit, c’est en 1630 que les deux villes voisines sont unifiées. Mais ce n’est qu’au 20e siècle que la continuité du tissu urbain devient réelle.

 

Place de la Victoire à Clermont-Ferrand

 

Augustonemetum : les origines gallo-romaines de la ville

Les traces de constructions humaines les plus anciennes sont celles du mur des Sarrasins, vestige du temple romain Vasso-Galate. Augustonemetum aurait été fondée au 1er siècle avant J.-C. sur la butte centrale formant aujourd’hui le centre historique de Clermont. Son nom signifie le sanctuaire d’Auguste.

A l’époque romaine, la ville se développe très vite. Au 2e siècle, elle compte jusqu’à 30 000 habitants. A la place de l’actuelle place de la Victoire, se trouvait le forum, le centre de la cité gallo-romaine. A partir du 4e siècle, au moment de l’implantation du christianisme, la ville décline et ne compte plus que quelques centaines d’habitants. C’est à cette époque qu’on se met à l’appeler Arvernis puisqu’elle est alors la capitale du peuple des Arvernes. Des fortifications sont construites et percées de 5 portes qui existeront encore toute une partie du Moyen-Âge. Les restes de la ville antique sont quant à eux laissés à l’abandon ou transformés en petits faubourgs. 

 

Focus sur le Mur des Sarrasins : 

C’est un des rares vestiges gallo-romains visibles à Clermont-Ferrand. Il s’agit du parement nord du Vasso Galate, un temple imposant dont les fondations sont encore conservées dans des caves voisines. C’est ce temple qui serait à l’origine de la fondation de la ville. En 580, Grégoire de Tours disait de ce mur qu’il était « d’une solidité remarquable » et qu’il était « épais de 30 pieds ». L’intérieur du bâtiment aurait été orné de marbre et de mosaïque. Les colonnes quant à elles étaient couvertes de marbre noir.

 

Au Moyen-Âge, de Clermont à Montferrand

En 761, Pépin le Bref pille la ville des Arvernes et prend sa forteresse Claremontem Carum, le château du Mont Clair qui donnera son nom à Clermont. A l’emplacement de la cathédrale actuelle de Clermont-Ferrand, l’évêque Etienne II fait édifier une cathédrale romane. Elle sera finalement détruite au moment de la construction de la cathédrale que l’on connaît en 1248. Au 12e siècle, pour s’opposer au pouvoir des évêques, les comtes d’Auvergne fondent à proximité de la cité épiscopale la cité de Montferrand. Celle-ci est édifiée selon un plan orthogonal. Jusqu’à l’époque moderne, Clermont et Montferrand restent deux villes bien distinctes. En 1490, Clermont est victime d’un important tremblement de terre. 12 tours de l’enceinte de la ville s’effondrent tout comme une tour de la Basilique Notre-Dame-du-Port. Du côté de la cathédrale, les dommages sont plus légers mais on voit encore aujourd’hui une fissure sur le portail sud.

 

Focus sur la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption : 

La construction de cette cathédrale emblématique de Clermont-Ferrand a débuté en 1248, au sommet de la butte centrale de la ville. Elle doit sa couleur noire à la pierre de Volvic issue des éruptions volcaniques des jeunes volcans auvergnats. Il s’agit même du premier exemple d’utilisation en architecture de cette pierre volcanique. Cette pierre de type trachy-andésitique est d’une très grande résistance. C’est ce qui a permis d’élever des piliers particulièrement fins.

Les frères Goncourt, marqués par son aspect sombre, l’on surnommée la cathédrale des Charbonniers. On peut aujourd’hui y admirer notamment de magnifiques rosaces en vitraux ainsi que de rares peintures murales des 13e et 14e siècle. Vous pourrez aussi, toutes les demi-heures, y entendre le son de sa très ancienne horloge. Les deux tours hautes de 108 mètres, également en pierre de Volvic, ont été achevées par le célèbre Viollet-le-Duc au 19e siècle. Visibles de très loin, elles font de la cathédrale un symbole incontestable de la ville

 

Cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption, monument emblématique de la ville

 

A partir de la Renaissance, une ville sous le contrôle de la royauté

C’est au 16e siècle qu’est construit l’Hôtel Savaron, un hôtel particulier au style gothique flamboyant. Situé rue des Chaussetiers, il est classé aux Monuments historiques depuis 1927. C’est aussi à cette époque que l’on fait réaliser la fontaine d’Amboise par le sculpteur Chapart. Après avoir été plusieurs fois déplacée, elle se situe aujourd’hui sur la place Olympe-de-Gouges près de l’Hôtel de Ville. En 1551, sous Catherine de Médicis, la ville de Clermont passe sous le contrôle de la royauté au détriment de l’évêque. Quelques années plus tard, elle reçoit le titre de Chef et ville capitale du pays d’Auvergne. C’est finalement en 1630, par l’édit de Troyes, que Clermont et Montferrand sont réunies. Au 18e siècle, de nombreux couvent sont créés dans la région. 

 

Focus sur la Fontaine d’Amboise : 

C’est une des rares fontaines érigées à cette époque, précisément en 1515. Elle représente un homme sauvage, vêtu de peaux de bête surmonté d’une cascade en jets d’eau. A la fois typique du style Renaissance avec encore une architecture gothique, elle a été construite en pierre de Volvic. Elle doit son nom à son mécène, l’évêque Jacques d’Amboise. D’abord installée place Derrière-Clermont près de la cathédrale, elle a alors un rôle utilitaire en permettant aux habitants d’y puiser de l’eau. Au 19e siècle, elle fut successivement déplacée place Delille puis à l’intersection du cours Sablon et de l’avenue Carnot. Devenant un obstacle à la circulation, elle trouve finalement son emplacement actuel sur la place Olympe-de-Gouges.

 

Fontaine d'Amboise, réalisée en pierre de Volvic et située place Olympe-de-Gouges

 

Au 19e siècle, la ville se développe et se modernise

Après la Révolution, des monuments encore présents aujourd’hui sont érigés : la fontaine de la Pyramide ou encore le nouveau théâtre de Clermont-Ferrand inauguré en 1807. Du côté des cultes, un temple protestant est ouvert. Et puis c’est le début d’une belle aventure industrielle avec la construction d’une usine de balles en caoutchouc et de machines agricoles qui deviendra le groupe Michelin. C’est aussi au 19e siècle que débute la construction de la mairie.

En 1841, la place de Jaude est le théâtre de violentes émeutes provoquées par un projet de réforme fiscale. Elles se terminent par l’agression du maire de l’époque et le pillage et l’incendie de la Maison de Conchon. Au milieu du 19e siècle, l’éclairage au gaz se généralise dans la ville, la ligne Paris-Clermont-Ferrand est mise en service et la première gare ferroviaire est construite. Pour la desservir plus facilement, plusieurs avenues sont également créées. Par la suite, les lignes ferroviaires se multiplient, vers Aurillac, Thiers et même Nîmes.

A la fin du siècle, le Jardin Lecoq et le square Blaise Pascal voient le jour. On construit également le marché couvert Saint-Pierre. En revanche, on détruit le théâtre sur l’actuelle place de la Victoire. Ce n’est qu’en 1884 qu’on achève les flèches de la cathédrale. Vers 1890, place à la première ligne de tramway électrique. De nombreux bâtiments sont encore édifiés dans les années qui suivent : la Bourse du Travail, l’Opéra-Théâtre, le lycée Jeanne-d’Arc, l’église Saint-Joseph. A l’époque, on aménage la place de la gare et l’espace entre Clermont et Montferrand se bâtit de façon importante, notamment entre la gare et la place Delille. La 1ère usine Michelin est construite en 1889 place des Carmes. Elle fabrique alors des patins de frein pour vélo. C’est là que se trouve encore aujourd’hui le siège du groupe industriel.

 

Focus sur l’Opéra-théâtre :

C’est un des monuments-phares de la place de Jaude. Construit entre 1890 et 1894, il remplace alors le théâtre de la place Royale devenu trop petit. L’Opéra-théâtre de Clermont-Ferrand est en fait un important réaménagement d’une ancienne halle aux toiles. On peut apprécier la façade du boulevard Desaix et ses allégories de la musique et de la comédie, mais aussi celle plus sobre de la place de Jaude avec son horloge monumentale et son balcon aux têtes de lions. Fermé au public pendant 7 ans en raison d’importants travaux de rénovation, l’Opéra-théâtre a finalement rouvert en 2013. Le lieu est étroitement lié à la place de Jaude et à son parvis composé de basalte et de pierres calcaires.

 

Au début du 20e siècle, la ville poursuit son expansion

En 1900, la commune de Clermont-Ferrand compte plus de 50 000 habitants. La ville passe à l’éclairage électrique. En 1903, elle accueille deux statues emblématiques : celle du général Desaix place de Jaude et celle de Vercingétorix réalisée par Bartholdi. L’actuelle gare de Clermont voit le jour en 1908. Juste avant la première guerre mondiale, on construit l’Hôtel des Postes. Michelin compte déjà plus de 3 000 employés. Cette expansion de l’industriel est à l’origine de la création des cités Michelin où étaient logés les salariés et leurs familles.

En 1921, on compte alors 82 000 Clermontois. Pendant la 1ère guerre mondiale, la ville accueille de nombreux blessés. Des hôtels comme l’Hôtel de Royat sont alors réquisitionnés pour les soigner. A la fin de la guerre, on construit de nouvelles usines pour fabriquer de l’amiante, du caoutchouc ou encore de l’air liquide. Une imprimerie de la Banque de France s’installe également dans la cité auvergnate. A l’entre-deux-guerres, la croissance du bâti est considérable. De nombreuses nouvelles rues sont percées comme le boulevard Gambetta, le boulevard Lavoisier ou l’avenue Anatole France. De nouveaux quartiers ouvriers sont entièrement édifiés comme le quartier de la Plaine avec ses rues symétriques et ses blocs de maisons. En parallèle, on bâtit aussi des cliniques, des écoles, des coopératives où les ouvriers vont faire leurs courses. 

 

Statue du général Desaix, située place de Jaude

 

Focus sur les cités Michelin :

Ce sont ces petites maisons construites par l’entreprise Michelin pour loger la population ouvrière, essentiellement dans la ville de Clermont. Entre 1909 et 1980, ce ne sont pas moins de 8 000 logements qui ont été réalisés. En 1980, cela représente même 12% de l’ensemble des logements de la ville.

L’idée de Michelin, dans une logique paternaliste, avait été de prendre en charge tous les besoins de la vie de son personnel. Les cités Michelin sont reconnaissables par leur symétrie. Il s’agit de maisons individuelles groupées par 2 ou 4, de maisons individuelles et d’immeubles collectifs. Parpaings et béton sont indispensables à leur construction. Les cités les plus connues sont Chanteranne, Chanturgue, Lachaux, l’Oradou ou encore la Plaine. Elles sont généralement situées au plus près des usines avec tout un système de voirie, des écoles ou encore des commerces. Aujourd’hui, il ne reste qu’une trentaine de ces cités de logements.

 

Depuis l’après-guerre, la ville se réinvente

A la sortie de la 2nde guerre mondiale, les dégâts sont relativement peu importants dans la ville de Clermont-Ferrand. L’économie reste centrée sur l’industrie mais Michelin notamment commence à implanter des usines ailleurs. Dans les années 60, on construit l’usine de Combaude. On réalise aussi la « Grande muraille de Chine » du quartier Saint-Jacques, un imposant immeuble de 8 étages et 354 logements sociaux.

Dans les années 70, la ville connaît une belle croissance démographique notamment grâce à l’expansion universitaire. Mais dans les années 80, c’est la crise et le nombre de salariés de Michelin commence à chuter. Si dans les années 2000, l’entreprise Michelin fournit moins d’emplois, l’économie de la ville se tourne davantage vers le tertiaire. La municipalité s’engage quant à elle dans une politique de grands travaux : réaménagement de la place de Jaude, inauguration d’une nouvelle ligne de tramway, construction du Zénith d’Auvergne, de la Grande Halle d’Auvergne, du stade nautique Pierre de Coubertin, du Polydôme ou de la Coopérative de mai, salle de musiques actuelles. On restaure la basilique Notre-Dame-du-Port, on rénove le centre commercial Jaude et on agrandit le stade Marcel Michelon. Plus récemment encore, on construit un nouvel Hôtel de Région.

 

« Grande muraille de Chine », immeuble situé quartier Saint-Jacques, © Batirama

 

Focus sur la Muraille de Chine :

Il ne s’agit pas de celle de l’Empire du Milieu mais bien d’une immense barre d’immeuble de Clermont-Ferrand. Cet ensemble légèrement coudé de 320 mètres de long épouse le rebord du plateau Saint-Jacques. Constituée d’un même bloc de 8 étages, haute de 30 mètres, ce sont 354 logements qui étaient desservis par 14 escaliers et 14 ascenseurs. Pour sa construction, différents matériaux ont été utilisés : béton, béton armé, brique, parpaing de béton, agglos creux de pouzzolane. Dans le cadre de la réhabilitation du quartier Saint-Jacques, il est prévu que la Muraille de Chine clermontoise soit démolie à la fin de l’année 2023.

 


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