Les matériaux qui ont permis de construire la ville de Clermont-Ferrand depuis l’Antiquité

Les matériaux qui ont permis de construire la ville de Clermont-Ferrand depuis l’Antiquité

Dès l’époque gallo-romaine, au moment de l’édification de la ville d’Augustonemetum, ses fondateurs ont puisé dans les ressources de la région pour construire ses premiers bâtiments. Et jusqu’à aujourd’hui, la ville de Clermont-Ferrand s’est étendue, a évolué et parfois changé de visage grâce aux matériaux disponibles alentours. Au fil des époques et des tendances, des matériaux différents ont été utilisés même si, environnement oblige, la pierre volcanique est restée très présente dans le patrimoine clermontois. Tour d’horizon des matériaux qui ont construit la capitale de l’Auvergne…

 

A l’origine Clermont-Ferrand était double. Il y avait d’un côté Clermont et de l’autre sa rivale, Montferrand. Mais au cours de l’histoire, les deux villes se sont unies. Une union scellée dans la pierre des volcans environnants et d’autres matériaux locaux choisis pour leur aspect et leur résistance auvergnate !

 

Dès l’époque gallo-romaine, on utilise l’arkose

A l’époque antique, cette roche sédimentaire de couleur blonde était exploitée à Royat. A partir du 12e siècle, on l’extrait plutôt du côté de Montpeyroux à une trentaine de kilomètres de Clermont. A cette époque d’ailleurs, on construit la basilique romane de Notre-Dame-du-Port avec cette arkose blonde de Montpeyroux.

Mais au 16e siècle, lorsque le porche est transformé, on choisit la pierre de Volvic pour composer une large ouverture en arc brisé. Au 3e siècle, la première enceinte de la ville est aussi construite en arkose. Encore visible rue Boirot, elle est constituée en partie basse comme en élévation de blocs taillés d’arkose. Elle est aussi constituée de petits blocs de basalte. Avant d’être remplacé par un plus grand temple en trachyte, l’ancien temple de Mercure était lui aussi construit en arkose.

 

Basilique Notre-Dame-du-Port construite en arkose blonde de Montpeyroux

 

A partir du 13e siècle, on apprivoise la pierre de Volvic

C’est à l’époque médiévale que l’on comprend comment on peut extraire et tailler la pierre de Volvic. C’est elle qui servira à bâtir la cathédrale de Clermont. La pierre de Volvic est ce qu’on appelle une trachy-andésite. Elle est issue des coulées du puy de la Nugère, il y a 12 000 ans. Il s’agit d’une pierre de couleur grise avec de nombreuses petites bulles et du feldspath. C’est un matériau particulièrement intéressant pour la construction car il résiste très bien au gel et aux produits chimiques.

A Clermont-Ferrand, on la retrouve dans les mosaïques de la basilique Notre-Dame-du-Port et évidemment sur l’ensemble de la cathédrale de l’Assomption. C’est elle encore qui a permis de construire l’hôtel Savaron, la fontaine d’Amboise mais également les fameuses plaques Michelin. A Clermont, sa couleur sombre donne un aspect très typique à l’architecture de la ville. D’abord exploitée dans des mines souterraines, on en fit ensuite à partir du 19e siècle une exploitation à ciel ouvert. C’est ce qui a permis d’augmenter considérablement les quantités extraites. A partir de 1812, de nombreux travaux de voirie ont nécessité d’utiliser la pierre de Volvic notamment pour les bordures de trottoirs. Employant près de 1 500 personnes entre les deux guerres, son exploitation a depuis fortement décliné.

 

Cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption, construite en pierre de Volvic

 

La butte fondatrice de la ville ? En tuf !

Le tuf, c’est d’abord un terme de carrier, qui vient de l’italien « tufo ». Il désigne une roche poreuse et friable. C’est pourtant bien sur un tuf volcanique qui s’élève à 25 mètres et qui forme une butte, sorte de plateau central, que la cité ancienne de Clermont s’est construite. Malgré son aspect friable, il s’est avéré suffisamment solide pour recevoir les premières constructions mais aussi être creusé d’un vaste réseau de caves encore existant aujourd’hui.

Le tuf est une roche formée autour d’un cratère par les retombées des panaches de cendre contenant des petits blocs de marne et de basalte. Depuis au moins le Moyen-Âge, de très nombreuses caves, galeries et cavités ont ainsi été creusées dans ce tuf sur la partie haute de ville.

 

Le basalte au secours des fondations

Cette roche volcanique de couleur noire est issue d’un magma refroidi rapidement. Il est impossible à sculpter. En revanche, il est tout à fait adapté et très utilisé pour les fondations et les murs.

 

Des dômes des volcans à l’architecture monumentale : la trachyte

La trachyte, c’est encore une roche volcanique. Elle constitue tous les dômes de la chaîne des Puys. Dès le 1er siècle, on l’a beaucoup utilisé dans l’architecture monumentale. Au sommet du Puy de Dôme, le second temple de Mercure a été édifié grâce à ce matériau originaire des volcans environnants. La trachyte est de couleur gris clair. Elle est plus légère et moins dure que le basalte, impossible à tailler, ou que la pierre de Volvic. Elle se prête particulièrement à la taille de blocs de grande dimension comme ce fût le cas pour le temple de Mercure.

 

Temple de Mercure, haut lieu de pèlerinage au sommet du Puy-de-Dôme

 

Le béton, direction la modernité

Si le béton actuel est constitué en plus de son liant de sable et de graviers, à Clermont-Ferrand, on y trouvera aussi parfois du granit ou encore de la pouzzolane. Dans la ville, on retrouve le béton de manière très forte avec la Muraille de Chine. Même si le bâtiment est appelé à être démoli prochainement, il fut longtemps un emblème de la ville et de la solidité, du caractère massif du matériau.

A Clermont-Ferrand, le cinéma Val Arena est aussi un exemple très significatif de ce que l’on peut faire avec le béton. Avec cet édifice, l’utilisation de poutres en béton pré-contraint ont permis d’améliorer la stabilité au feu malgré une hauteur de 18 mètres.

 


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